Île de Cuba. La Havane, l’été se finit.

 

 

Un ahuri, tif en épi, gel ébène, catogan à la mode, se relève d’une mare fétide. Le zig ulule, vocifère, rugit un : « Ah Ah ! »

 

Abîmé d’érésipèle, d’avitaminose, de misères adiposo-génitales, un acolyte « X », anonyme, fixe le panorama.

 

L’ahuri jubile : « Pari tenu ! Dominos éliminés à la file ! Hé, vétéran usé ! Tu vas amener une carafe de mâcon aligoté, du madère, du gigot épicé, de la salade, du filet-aromates, un édam et un arabica de Bogota ! Le cigare sera d’ici ! »

 

Là-bas, à côté d’un édicule reculé, le cureton agité boxe le pâle novice d’une solide tige de tabac à fumer.

 

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Érésipèle (maladie de la peau).

 

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Contrainte d’écriture

Alternance de voyelles et consonnes. Voici un court texte de Georges Perec illustrant cette contrainte :

 

Maxime dîne ce matin avec Anatole :

 

- Je me régale, dit-il à son ami. J’adore l’arôme de ce potage de légumes à l’anis. On y tâte l’acidité délicate du rutabaga, de l’acidulé rare du céleri-rave caramélisé, de la sapidité paradoxale de la tomate des Yvelines, et une légère marinade de cari, basilic et origan a su le revigorer. Avec une matelote de mulet, une salade de macaronis, une carafe de Rosé du Médoc, une petite fine du Jura, le géromé, le livarot, un ananas, une banane, du café, ce sera super !

 

(« Gammes », Les Nouvelles Littéraires, août 1979)

 

 

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