« Hommes :

ce qui booste leur libido »

— une enquête de Noëlle Clou pour Gael

[Publiée en juillet 2005 p.78]

 

 

La rédaction m’a chargée d’une mission périlleuse : essayer de comprendre ce qui déclenche à coup sûr chez l’homme une folle envie de s’envoyer en l’air ! Surmontant la crainte légitime du bête malentendu, j’ai décidé d’affronter l’animal chez lui habillée d’un sac de bure, d’une paire de lunettes façon Armée du Salut et d’élégants escarpins à bouts ronds caoutchoutés que les Anglais nomment « galoches ». La moisson de témoignages fut intéressante – mais sujette à caution, l’habituel macho braillard se révélant soudain beaucoup trop civilisé. Votre enquêtrice a donc été voir en face – et demandé à ses sœurs d’infortune ce qu’elles avaient noté d’intéressant en matière de testostérone pur jus. Voici donc tout à la fois les « Tableaux d’une exposition » de Modeste Moussorgski, sa « Nuit sur le mont chauve » et l’« Oiseau de feu » de Stravinsky. Pour un « Paysage après la bataille » on ira voir chez Andrzej Wajda...

 

*

* *

 

Moi, ce qui booste ma libido c’est :

- qu’elles ne soient pas trop évidemment là pour ça ;

- que j’aie l’impression de conquérir encore un peu ;

- de regarder leurs yeux fermés quand elles m’embrassent.

- de penser à Lea Massari dans « La femme en bleu » de Michel Deville ou à la Mangano de « Riz amer » ;

- quand elles portent des jupes d’étoffe fine ni trop courtes ni trop longues et qu’elles croisent les jambes ;

- qu’elles soient très évidemment là pour ça et que ça ne traîne pas ;

- qu’il fasse très chaud dehors et frais à l’intérieur ;

- que ce ne soit pas prévu ;

- qu’elles se fassent belles pour aller bosser ;

- qu’elles dorment avec la chemise de nuit remontée à la taille ;

- que leurs courbes se devinent sans trop se voir ;

- qu’elles soient fragiles, un peu fatiguées et en soif de tendresse.

Mais ça ce n’est plus de la libido. C’est de l’amour.

[Marco, scénariste, 43 ans]

 

Moi ce qui me fait cracher le feu ? Le hachisch, la colombienne, la marijuana, le hasch, l’herbe, la marie-jeanne et le kif !

[Fred, 33 ans, éleveur de champions]

 

Ce qui les fait grimper au mur ? Pas besoin de dessin :

- les chattes rasées ;

- les dessous affriolants (avec le porte-jarretelles en number one,  la guêpière pour les plus vieux et le string – quoique les mecs ne

comprennent pas que ça ne va qu’à 2% des meufs) ;

- pas de culotte ;

- la vulgarité (une fille un peu vulgos et bien foutue ça excite plus que les petites bourges bien coiffées) !

[Camille, 24 ans, journaliste]

 

Moi, ce qui me plaît depuis vingt ans, c’est toujours :

- une certaine sophistication ;

- pas de chaussures de sport mais des talons bien hauts (ou alors de jolies sandales ouvertes sur un délicat vernis qui vient souligner le dessin des ongles) ;

- pas de jeans, mais des jupes ou des robes aux mouvements gracieux, aux coupes et aux matières recherchées ;

- de fins bas en hiver, d’appétissantes gambettes dorées en été (absence totale de duvet – même décoloré) ;

- montrer son nombril ? – n’en parlons pas, seules les danseuses du ventre dont c’est le métier devraient être autorisées à le dévoiler ;

- bustiers, chemisiers, guimpes et pulls moulants hautement appréciés ;

- T-shirt : à bannir du vocabulaire vestimentaire, surtout s’il porte un logo criard ;

- sous-vêtements : sujet inépuisable ! Un seul critère devrait s’imposer : que la Belle soit fière de les garder, même à la lueur d’une bougie, avant que son homme ne les ôte avec délicatesse ;

- coiffure et maquillage : s’inspirer de ce magazine !

- colliers, boucles d’oreilles et chaînettes : à garder en toutes

circonstances (mais pas de bagues, beaucoup trop dangereuses dans les situations intimes !)

– Voilà, j’espère que ça ira, vous faites quoi ce soir ?

[Jean O., 40 ans, artiste plasticien]

 

Moi j’ai remarqué que tout va beaucoup mieux après un petit repas légèrement arrosé. Sinon, ce qui marche toujours pour la libido c’est, en vrac :

- les oursins, le gingembre, une jeunette pleine de vigueur au regard admiratif (même feint), le Viagra (qui donne confiance et regonfle l’ego, entre autres), le printemps et les jupes qui raccourcissent, l’automne et le vent dans les mêmes jupes, l’abstinence (qui développe le manque, donc l’envie !)...

[Anouk, 28 ans, assistante parlementaire]

 

Ce qui fait craquer les hommes, c’est toujours la même chose :

- les dessous sexy, rouges pour certains, du même rouge que les chaussures ; les seins que l’on devine dans le décolleté, la jupe légère qui laisse apparaître le genou lorsqu’on s’assied...

- le macho aime les femmes soumises, pas trop malignes et toujours épatées ; le progressiste aime les femmes intelligentes qui prennent l’initiative ; le maso aime la dominatrice qui l’humilie comme il faut ; l’homme amoureux me désire quand il me voit – et même quand il ne me voit pas, quelle que soit ma tenue, que je joue les intelligentes ou les idiotes, que je domine ou me soumette... et je l’ai trouvé !

[Esméralda, 37 ans, juriste]

 

Les mecs que je connais ont le compte-tour qui s’affole un max dès qu’ils voient un décolleté, une jupe courte, une robe portée avec des bas... Ils s’excitent comme des bêtes avec les matières transparentes, les massages, les filles qui parlent cul pendant l’acte, les films pornos et les messages hot sur les chats Internet... Ça me va aussi !

[Patricia, 30 ans, libraire]

 

Pour moi c’est son odeur, son regard, un courant électrique en moi, deux ou trois mots clés qu’elle prononce, son rire, ses manières... oui, c’est du très classique, MAIS... le tout doit être compilé en deux minutes maxi – les deux premières de notre vie commune, si ça se trouve !

[Fabien, 31 ans, animateur de télévision]

 

Tu sais, Noëlle, ma libido ne peut s’enclencher qu’avec un minimum d’amour. J’ai besoin d’émotion et d’atomes crochus intellectuels. L’extérieur attire l’œil, bien sûr, mais c’est l’intérieur qui enflamme. Sinon tout n’est que masturbation avec utilisation de la chair d’autrui... Ton sexe a un orgasme – mais pas ton âme ! Le vide d’un côté, le plein de l’autre... Voilà, c’est tout ce que je sais pour l’instant...

[Vincent, 43 ans, écrivain pour le théâtre]

 

Trois souvenirs marquants :

- le soir du jour où ma mère est morte, mon homme a été pris d’une frénésie sexuelle sans précédent. Je ne lui ai jamais demandé pourquoi, mais j’ai interprété (et en conséquence accepté) la chose comme une réponse instantanée de la vie qui s’affirme, fût-ce à deux pas de la mort. J’étais d’accord avec lui pour dire : non, moi je ne suis pas morte, et pas prête non plus à prendre le deuil, ce qui serait déjà faire trop de place à la mort ;

- je suis en voyage d’études et il vient me retrouver à New York après trois mois de séparation. La coupure était si forte qu’à l’aéroport, je ne l’ai pas reconnu. Et au lit encore moins. À notre arrivée à l’hôtel, il se jette sur moi avec violence, ce qui n’était jamais arrivé. Le manque l’avait rendu fou, au point que j’ai presque eu peur qu’il me brutalise, voire m’étrangle. C’est la seule fois où j’ai eu peur de lui, mais je ne déteste pas d’avoir vu ça ;

- en vacances, je lui passe un San Antonio que je viens de finir. Il ne connaissait pas, l’a lu d’une traite et n’a rien dit. Mais le soir il était beaucoup plus chaud que d’habitude. Vraiment surexcité. C’est la scène dans l’escalier à la fin du livre qui l’a mis dans cet état, je suis sûre : je vous recommande « Le hareng perd ses plumes » !

[Jessica, 35 ans, chirurgienne]

 

« La première fois que j’ai vu une femme nue, j’ai cru que c’était une erreur. »

[Woody Allen]

 

« Les femmes, peu aptes à la sublimation, souffrent d’un trop-plein de libido. »

[Sigmund Freud]

 

«  Ma femme est très portée sur le sexe. Malheureusement ce n’est pas sur le mien. »

[Pierre Desproges]

 

« Le sexe sans amour est une expérience vide. Oui mais de toutes les expériences vides c’est la meilleure ! »

[Woody Allen]

__________

 

Pour revenir à la page d’accueil du site, appuyer