Musique

 

 

    « Bonsoir à tous et toutes et bienvenue sur le plateau de « Souriez, vous êtes filmés ! » Cette émission de Pâques est exceptionnelle : en effet les beaux jours sont là et... Hop, merci ! ... Qu’est-ce que c’est que ça ?! Une pistache ?!...Une noix de cajou ?! Tiens ? ... Hop ! Encore ?! ... Curieux, très curieux... Pardon... mais je crois comprendre... C’est en rapport avec un concours un peu particulier que nous vous proposerons pendant l’heure qui vient : il vous permettra de gagner un cadeau d’environ 100.000,-Fb. Mais, chûuut ! n’en disons pas plus et... Fred enfin ?! Je ne peux pas présenter l’émission la bouche pleine ! Excusez-moi... et puis l’heure de l’apéro est passée...

    Donc, où en étais-je ? Oui, c’est Madame Magda C..., de Montegnée, qui gagne nos deux long-métrages comiques du mois, vous verrez son film plus tard, je suis troublé encore... pardon !

    Bien, lançons-nous dans la première séquence que notre réalisateur chéri a calée sur le magnéto : la séquence sport amateur.

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    « C’est à un autre sport que nous vous convierons plus tard dans l’émission, une sorte de bilboquet sans fil... Hop ! ... comme ça ! ... Mais je n’en dis pas plus ! ...

    Vous entendez le petit tapis musical derrière moi ?... Écoutez ... C’est pour meubler cette salle d’op’ glaciale où Fred prend un malin plaisir à me couper en morceaux... Sadique !

    Notre prochaine séquence est consacrée aux animaux, aux chiens surtout, qui restent un inépuisable réservoir à images insolites. Il y a aussi une poule, une perruche et quelques chats, mais nous n’allons pas mégoter, ce sont les chiens qui ont la vedette...

    Qu’est-ce qu’on pourrait mettre comme musique pour lancer la séquence ? Pas mal ça ... Un petit boogie-rock ?... Belles guitares... Ce sont les barbus en coupé Ford rouge, non ?! ... Oui oui, je reconnais... « Rough guy », ZZ Top... Mmmmh... moteur !

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    « Voilà ! Ça c’est un chien malin ! Pourquoi avoir associé le rock et les chiens ? ... Comme ça, je ne sais pas... une intuition... À cause de Snoop Doggy Dogg peut-être ... Snoopy ? ... Non, j’ai tout faux ? C’est du rap Snoop Dogg ?! - Eh bien va pour un petit tapis rap, yo, ça va nous changer !

    Vous vous souvenez du premier rap en français ? C’était « Chagrin d’amour » en 1981... « Chacun fait - fait - fait, c’qui lui plaît - plaît - plaît ! »

    Ah ça ne nous rajeunit pas tout ça !

    Bien, la séquence suivante est consacrée aux jeux d’eaux, éclaboussures, tuyaux, piscines et plages en tous genres. Je vous recommande particulièrement le jeu du teinturier chinois... Vous allez voir, c’est très fin, très subtil !

    Alors, qu’est-ce qu’on entend là, Fred ? Du Bach ? Pas mal, pour illustrer le thème de l’eau, pas mal ! Un petit clavier bien dégoulinant... bien « déGouldinant » d’ailleurs... Le pianiste s’appelle Gould... C’est un jeu de mot... Bien...

Allons-y ! ...

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    « Aaaah, c’est toujours rafraîchissant, ces images d’eau ! Ça donne soif d’ailleurs... Euh, en régie, vous n’auriez pas un petit quelque chose, là ? ... Une carafe ou un petit coup de...Après l’émission ?

Sympa ! Vous savez que c’est le Sahara ici ?!

    Bon... On enchaîne avec, devinez quoi... l’alcool, justement ! Nous avons sur nos étagères quelques bouteilles... pardon ! - quelques films assez joyeux qui auraient bien plu au Capitaine Haddock. Heureusement les caméramans sont restés sobres, sinon bonjour les dégâts !

    Il y a l’inévitable jeu qui consiste à tourner longtemps sur soi-même avant de se mettre à courir... Pardon, Fred, excuse-moi, tu ne nous mettrais pas un petit reggae en fond sonore, histoire de détendre un peu l’atmosphère ? ... Ah c’est fait ?! ... - donc, disais-je, des vidéos assez arrosées... Inutile de copier, l’alcool tue lentement, vous connaissez la chanson, et nous ne sommes pas pressés...

    ... Le dub, c’est bien aussi...

    Attention, moteur... Ça tourne ! -

    Ça tourne... c’est le cas de le dire...

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    « Allez, un peu de musique classique... Écoutez-moi ça... Gabriel Fauré, une pavane... La pavane est une ancienne danse, lente et solennelle, rien à voir avec les trémoussements cambrés qu’on voit parfois à la télé... Concours de danse moderne ça s’appelle... Monsieur est tout de noir vêtu, brushing impeccable, tendu comme un arc avec son numéro de vestiaire agrafé dans le dos... Madame est maquillée comme une voiture volée, à moitié nue, on dirait que sa robe de cocktail est restée dans la porte à tambour avant de rentrer en piste... et hop ! - ça fox-trotte, ça carmagnole, ça glisse sur le parquet avec des regards de braise et des déhanchements sauvages...

    La pavane... Mmmmh ! - quelle émotion... Livret du comte Robert de Montesquiou ... Avec Chloé... Myrtil...

    C’est donc avec cette mélodie aérienne que nous allons passer à la séquence suivante, consacrée, vous l’avez deviné, aux danses, aux transes, aux chutes, aux imitateurs sur scène, aux ballets qui grippent, aux enfants maladroits...

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    « Ah, pour notre séquence suivante, on continue à se trémousser, mais ce n’est plus de la danse, vous voyez ce que je veux dire ?! C’est notre séquence « X », bien sûr, mais gentillette, rassurez-vous !

    Nous ne verrons qu’un tout petit bout de sein, quatre demi-fesses, six nombrils dont trois siffleurs, une danse du ventre, deux clowns, une étrange érection et un préservatif à toute épreuve.

    Cool, cette voix... C’est celle de Chet Baker...tellement aiguë parfois... rien de tel pour se mettre dans l’ambiance... Mais on a du saxophone aussi... Fred, tu es toujours là ou tu te rinces l’œil? Mets-nous la galette en vinyle que j’ai apportée... Celle qui est près des revues... tu sais, avec les photos...

    Voilà, ça démarre... C’est du jazz, et du bop ! Funky Blues avec Charlie Parker au sax alto, accompagné de Johnny Hodges et de Benny Carter, enregistré en juin 1952 à Hollywood, avec Oscar Peterson au piano, pardon ! ...

     Ah c’est du bon ! ... Je suis ému, pardon... Je m’assieds...

    Envoyez la séquence suivante : chaud !

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    « Toutes les musiques sont belles, d’où qu’elles viennent, quand elles apportent quelque chose de neuf, non ?... Écoutez-moi ça ! C’est pas mal aussi comme tapis musical - tapis oriental, évidemment ! Natacha Atlas se situe entre world music, ragga, house, rap, trip-hop et mélodies égyptiennes, comme dit un fabuleux dictionnaire du rock qui vient de sortir chez « Bouquins ». Et elle est née à Bruxelles !

    On peut lui préférer le raï de Cheb Mami, que notre DJ planétaire va nous mettre dans un instant pour annoncer la compilation suivante, celle désormais traditionnelle des jeux nœud-nœuds, des blagues à trois sous et autres « entartages gloupiers » - merci ! - ça déchire, ce truc, vous ne trouvez pas ?

    (...)

    Voici donc le moment relax de la soirée, laissez-vous transporter en brouette jusqu’au fond du jardin... Revivez la conquête de l’espace au ras des pâquerettes... Et prenez garde aux chutes de sumos, c’est la saison !

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    « Voilà, on se retrouve pour la seconde partie de « Souriez vous êtes filmés ». Nous faisons le tour des fonds* musicaux qui peuvent servir d’accompagnement aux films que vous nous envoyez. Voici un exemple de bluegrass... maestro, s’il vous plaît ! (...) Vous avez reconnu le banjo façon « Delivrance »... Merci Fred, c’est bon... je crois qu’on a compris... merci Fred ! (...)

    Voici quelques notes de country bien épaisse, elles pourraient accompagner parfaitement notre prochaine séquence, laquelle sera dans le droit fil de la précédente : grimaces, jeux idiots de fin de soirée, courses-relais tombées du ciel... Tout ça ne mange pas de pain, mais c’est bien filmé, les chutes sont fréquentes et les gens un tantinet ridicules...

    Ah ! ...Vous vous souvenez du morceau qu’on entend là, en fond* musical ? C’est un mélange de country et de rock... Sheryl Crow... « All I wanna do » - délicieux... comme la jeune fille d’ailleurs, hum ! - mais là n’est pas la question, bien sûr...

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    « Au début du programme nous avons associé le rock à nos amis les toutous, pourquoi pas, ça mord souvent le rock n’ roll, non ! Qu’est-ce que nous pourrions mettre pour les chats qui vont constituer l’essentiel de la séquence suivante ? Ah, il me semble entendre

un petit air classique connu... Voyons, oui, c’est le fameux air du Roméo et Juliette de Prokofiev... eh bien notre réalisateur chéri va nous enlever ça tout de suite... Voilà...

    Non... les gymnopédies de monsieur Satie ne sont pas les bienvenues non plus. C’est très joli, certes, mais nous allons trouver quelque chose de plus sautillant...

    Oui, le « Carnaval des animaux »...pas bête en régie, vous faites des progrès - pas bêtes, c’est le cas de le dire ! Sur Camille Saint-Saëns, donc, voici des chats, des perruches courageuses, un lapin, une souris et même un faon - l’animal, le faon, F-A-O-N, pas le groupie F-A-N ! - pas vrai les enfants !

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    « Aaah j’adore les chats ! Je n’y avais pas pensé tout à l’heure, mais un cha-cha-cha aurait pu accompagner la séquence qu’on vient de voir, non ? Un chat-chat-chat, vous aviez compris ?! - hem, bon !

    Alors, qu’est-ce que nous avons sous le coude comme musique pour la suite ? ... Non, ça c’est toujours le cha-cha-cha... Ah... Plus fort, je n’entends rien... Voilà... Oh, là, stop ! c’est bon, doucement les gars, pensez aux voisins ! Les ingénieurs du son, j’vous jure, c’est sourdingues et compagnie ! ... Un tango, si je ne m’abuse ?

    Ah, le tango, ce n’est pas pour les maladroits ! Faut une santé de fer, des muscles d’acier, une précision millimétrique...

    C’est par antiphrase donc, que cette musique s’en vient annoncer la petite compilation maladroite qui suit : pseudo-serveurs virtuoses, chirurgiens fous, gifles involontaires et autres cactus, c’est le cas de le dire - vous allez voir !

    L’antiphrase ? C’est une figure de style qui consiste... Bon, d’accord... Ta lalala - tsoin- tsoin- tsoin...

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    « Le film que vous venez de voir était de Magda C..., de Montegnée, pas contente la gamine, entre nous ! Mme C... gagne donc deux long-métrages comiques français, comme promis. Ce qui me permet de revenir au concours que j’évoquais au début de l’émission. Il s’agit, toutes proportions gardées, d’une compétition cinématographique du type Festival de Cannes, où nous triomphâmes l’an dernier ! - Non, je plaisante, c’est beaucoup plus simple que ça : nous vous demandons de nous envoyer vos meilleurs films sur un thème imposé. Celui du lancer de cacahuète le plus drôle ! Vous êtes libres d’imaginer, de mettre en scène, de tourner comme vous le voulez sur cette id... Hop ! Merci Fred, ça recommence... On se croirait au zoo... Stop ! je présentais le concours, là ?! ... Ah, plus tard ?! - Bon !

    Qu’est-ce que nous avons comme musique pour illustrer la séquence qui vient ? Il s’agit de gym et de muscu...

    Vous mettez quoi sur l’aérobic, vous ?! De la techno... C’est quoi ça, de la house ? ... du disco, bêtement?! Allez !

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    « Nous voici de retour sur le plateau de ‘Souriez, vous êtes filmés’ où, pendant la pub, nous nous posions gravement la question de la musique cajun - son origine, son nom, ses interprètes etc. Écoutez : ...

    Asseyez-vous je vous prie, prenez vos cahiers et notez : ‘cajun’ prononcé souvent ‘cadjun’ en Louisiane, vient de ‘Acadien’ - du nom d’une région du Canada - l’Acadie. En 1755 en effet, l’Acadie passe sous contrôle britannique, qui passe à Wilmots, qui passe à M’penza... pardon... et les paysans français en sont expulsés. La plupart descendent vers le sud s’établir en Louisiane, alors possession française. Mal accueillis par la bourgeoisie locale, ces paysans sont rejetés vers le delta du Mississippi où ils cohabiteront avec les Noirs du bayou. De ce creuset et de leurs instruments respectifs naîtra cette musique populaire, véritable ancêtre du jazz, qu’est le cadjun, pas vrai Clifton ?! (...)

    Clifton Chenier n’est pas inspecteur mais musicien. C’est le meilleur ambassadeur de cette musique, et du zydéco aussi, sorte de cajun plus proche du rhythm’& blues...

    Quelques tondeuses à présent, et beaucoup de moteurs...

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    « Ah la paresse restera toujours le moteur le plus efficace pour faire bouger les humains ! Cette technique de lissage immobile par grue interposée a quelque chose de poétique et d’artistique à la fois, bravo !

    Revenons au règne animal, toujours en musique, un peu de trip-hop, Massive attack « Blue Lines », 1991 - Massive Attack, groupe de Bristol qui dut se rebaptiser Massive, tout court, durant la guerre du Golfe, car les mots Massive Attack faisaient un peu tache dans le décor...

    Le trip-hop, c’est ce que vous entendez pour l’instant... c’est du hip-hop ralenti, mâtiné d’ambient et ça fait d’excellents tapis sonores... un rien glauques à la longue, mets-nous quelque chose de plus joyeux, Fred, une samba, par exemple... Voilà...

    Pas glauques du tout, en revanche, nos amies les bêtes qui se mettent, comme dans la séquence suivante, à imiter les humains... Pour le meilleur et pour le pire parfois, mais c’est toujours charmant... Admirez ainsi quelques mouettes, belettes, chevrettes et autres fillettes chouettes...

    Samba, samba !

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    « Qu’est-ce que c’est, la bestiole noire qu’on vient de voir : un furet du bois joli ? Il est passé par ici ? Il repassera par là ? Ou une belette ? Et qu’est-ce que c’est que ça ? De la mandoline ? On veut rendre hommage à tous les Italiens de Belgique, Fred ? C’est vrai que ce sont en général, hum, des gens bien sympas !     On pourrait trouver plus contemporain, ceci dit, en régie !? Un peu de Paolo Conte par exemple... Voilà... Et après ça un petit rap rital ne nous fera pas de mal, oui, oui, ça existe... Jovanotti ! ... « Serenata rap! » ...

    Bien... Notre prochaine séquence sera consacrée à tous ces petits accidents qui nous gâchent la vie à la maison. Vous savez qu’il y a près de 1000 accidents domestiques par jour dans notre beau pays ? Alors prudence mes chers amis, on a besoin de vous !

    Aaah, vous avez noté le subtil raccord entre Paolo Conte et Jovanotti ? Très bien le mix, là, yo ! - le DJ, j’t’engage pour une teufe quand tu veux !

    Dernier point : inutile d’imiter les derviches tourneurs que vous allez voir plus loin, on leur a manifestement lavé le cerveau à ceux-là ! Yo !

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Plateau muet pendant 45 secondes ; diffusion du « Boléro » de Ravel. À la 45e seconde un J-Mi en GP vient murmurer à la caméra :

 

    - « Euh... la séquence suivante est faite de caméras cachées... et on reparle du concours juste après... chûuut ! »

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    « Voilà, le moment est venu de vous présenter le premier prix exceptionnel de notre concours de Pâques : une caméra vidéo utra-top-méga-boum-crac-super-chic, attention, Fred, tu peux lancer le pack-shot comme on dit dans la pub !    [...]

    Les autres prix ? Peanuts les gars ! C’est le cas de le dire ! Toutes les vidéos seront récomp... Hop ! ... par des paquets de ceci justement ! ... Attention, je n’ai pas le droit d’y toucher ! ... Raté ! ... Vous avez compris maintenant avec quoi on me bombarde depuis le début de l’émission !

    Et ça vous donne... hop, raté ! ... une idée de ce qu’il faut nous envoyer ... hop ! ... comme film pour emporter l’engin que vous avez vu...

    Vous nous envoyez votre film dans n’importe quel format à l’adresse... raté ! ... habituelle : « Souriez vous êtes filmé - Concours ‘Lancer de Cacahuètes’, BP 6, 1030 Schaerbeek 6 » ... et une petite valse, Fred, pour terminer... bien...- mais avant le 16 mai, votre film, avant le 16 mai, dernière limite ! C’est marqué sur l’écran...

    Allez, popopopom pom pom pom, popopopom pom pom pom...

    - Et une ’cahuète pour la route, Fred, non ? »

 

***[Avalanche de cacahuètes - Démarrage de ABBA « Thank you for the music » jusqu’à la fin du générique de fin, en remplacement de la musique habituelle]***

 

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