Sites archéologiques

 

 

    « Bonsoir et bienvenue sur le plateau de « Souriez, vous êtes filmés » ! Ce soir nous allons vous emmener un peu partout sur la planète — sur la planète des maladroits, bien sûr, puisque nous aurons droit à notre lot habituel de chutes, glissades et catastrophes en tous genre —, mais aussi sur la planète Terre, tout simplement, en ces endroits magiques que sont les plus beaux sites archéologiques.

    Avant cela, un rappel, celui de l’adresse à laquelle vous devez nous envoyer vos meilleures images drôles — c’est toujours : « Souriez, vous êtes filmés », BP 6, Schaerbeek 6, 1030 Bruxelles —, nous passerons à l’antenne les séquences les plus réussies, comme d’habitude, dont celle de Bertrand L..., de Courcelles.

    Donc, l’archéologie. C’est la science des choses anciennes, dit le Robert, et cette science a permis de mettre en valeur des sites exceptionnels que tout un chacun, ou presque, peut visiter aujourd’hui. Un premier aperçu après ceci...

_______________

 

    « Le premier site archéologique que je vous propose est celui de l’Île de Pâques. Pour s’y rendre, c’est coton : l’Île de Pâques se trouve en plein océan Pacifique, à 4000 km des côtes chiliennes et à 2000 des premiers atolls polynésiens. L’île est un triangle désolé, de 20 à 30 km de côté, balayé par les vents — et sans aucun arbre. Le plus fascinant, ce sont les célèbres moai, imposantes statues de 9 à 10 mètres de haut, tournant le dos à la mer. Les moai, chapeautés d’un cylindre de pierre rouge, furent taillés il y a 800 ans dans le tuf des volcans de l’île. Leurs grands yeux étaient d’obsidienne et de corail blanc. On sait que l’histoire de l’île fut tragique, bien qu’on soit toujours incapable de déchiffrer le rongo-rongo, l’écriture locale. À son apogée, vers 1400, les Pascuans devaient être au nombre de 18.000. Mais le manque de ressources de l’île fit qu’ils s’entretuèrent. Les quelques centaines de survivants furent pratiquement achevés par l’arrivée des Occidentaux, en1805, qui déportèrent le reste de la population en esclavage et qui amenèrent sur l’île la syphilis et la tuberculose. On retrouve le sourire avec ça.

_______________

 

    « Enjambons l’Océan Pacifique et posons-nous sur une autre île, celle de Java, pour contempler cette merveille archéologique qu’est le temple de Borobudur. C’est le temple bouddhiste le plus grand du monde, il fut érigé entre 760 et 810 après J.-C., mais là aussi, comme à l’Île de Pâques, les éléments historiques manquent sur sa construction. Qui sait, peut-être qu’un jour quelqu’un d’entre vous en reconstituera le puzzle ?

    On a calculé que Borobudur demanda des efforts surhumains pour sa réalisation : plus d’un million de blocs de pierre de 100 kg chacun furent assemblés avec précision sur une petite colline — et ce pendant 30 ans. La base du temple est un carré de 100 mètres de côté. Il est haut de 45 mètres et comportait à l’origine près de 500 statues de Bouddha sur 5 niveaux. Quelques décennies après l’achèvement des travaux, Borobudur fut abandonné : disette, tremblement de terre ou éruption volcanique, pas de réponse non plus. La jungle reprit ses droits et la construction disparut. Ce n’est qu’en 1814 que les ruines furent redécouvertes par un Hollandais nommé Cornelius. Aujourd’hui plus d’un million de touristes admirent ce chef d’œuvre chaque année. Serez-vous le prochain ?

    Well, why not ?! Porteur, s’il vous plaît !

_______________

 

    « Restons en Asie, mais dans sa partie qui confine à l’Europe, et rendons-nous au Nemrut-Dagh, cette montagne de Turquie difficile d’accès — mais qui présente l’un des sites archéologiques les plus saisissants et mystérieux du monde.

    En effet, au sommet d’une montagne de 2.150 mètres, se trouve un tumulus de pierre énorme, d’un diamètre de 160 mètres et d’une hauteur de 50. Ce n’est rien d’autre que la dernière demeure d’un roi, Antiochos Ier. À l’est, à l’ouest et au nord, sur des terrasses sculptées dans le rocher, se trouvent d’imposantes statues dont quelques têtes ont roulé en contrebas, suite aux séismes qui agitent régulièrement la région.

    Antiochos Ier érigea ce monument il y a plus de 2000 ans, se voulant au carrefour de deux cultures : la grecque et l’orientale. Sa sépulture n’a toujours pas été trouvée : le tumulus de pierre s’éboule dès qu’on cherche à le creuser. C’est là aussi qu’on a trouvé, entre autres merveilles, le premier horoscope du monde sur un lion étoilé...

_______________

 

    « À l’autre bout de la planète, au Yucatan, se trouve une série merveilleuse de sites archéologiques. Le Yucatan est cette province mexicaine qui vit tomber, il y a 65 millions d’année, l’astéroïde responsable de la disparition des dinosaures chers à Spielberg — mais ce n’est pas lui qui nous emmènera là, ce sont plutôt les temples et constructions mayas, de toute beauté, et en parfait état de conservation.

    Chichen Itza est le centre de ce qui fut l’empire maya. Fondée vers l’an 1000, cette cité fut abandonnée 250 ans plus tard — là aussi pour des raisons obscures. La société à l’origine de ce centre était guerrière et cruelle. Les sacrifices humains aux dieux Chac et Tlaloc étaient courants. Le nom de Chichen Itza vient d’ailleurs d’un puits sacré, le Cenote, large de 20 mètres et au fond duquel on précipitait de jeunes vierges chargées de bijoux d’or et d’offrandes.

    L’ensemble du site est toujours aussi solennel et majestueux qu’au temps de sa splendeur — si l’on peut dire. Il y a même un observatoire stellaire et d’étranges calendriers formidablement précis. D’autres découvertes vous attendent sûrement dans la jungle environnante...

_______________

 

    « Le site archéologique suivant se trouve en Afrique, et plus particulièrement à Médinet-Habou, le long du Nil, aux portes de la vallée des Rois, presque au centre de l’Égypte actuelle.

    Il s’agit du temple funéraire de Ramsès III, l’un des plus beaux et majestueux de Thèbes, l’ancienne capitale.

    Un document atteste que 62.626 personnes furent chargées de sa construction — en majorité des prisonniers de guerre.

    L’enceinte du temple est une muraille large de 10 mètres et haute de 18. Elle fait plus d’un kilomètre de long. Le temple, lui, occupe l’équivalent de 3 terrains de football. Ses cours intérieures et la salle hypostyle, flanquées de colonnes et de statues immenses, sont une pure merveille.

    Cette construction a plus de 3.000 ans — et les peintures d’origine sont encore visibles, comme les gravures délicates représentant le jeune Roi en train de chasser, ou de combattre les Libyens et les Peuples de la mer... Je vous recommande le petit restaurant, juste en face, qui s’appelle justement « Chez Ramsès » — un délice !

    — Qu’est-ce que je fais ici, moi ? Pardon, je me suis trompé...

_______________

 

    « Traversons une fois de plus les océans pour atterrir en plein cœur de la Chine, et plus précisément à Luoyang. À quelques kilomètres de l’aéroport se trouvent les célèbres grottes-temples de Longmen qui viennent d’être inscrites par l’Unesco sur la « Liste du patrimoine mondial ». Ces temples et ces grottes se déploient sur 1 km 1/2, le long des parois rocheuses de la vallée de la Yi.

    Ces falaises abritent près de 100.000 statues de Bouddha et de bodhisattvas, certaines faisant plus de 15 mètres de haut — d’autres atteignant à peine 5 centimètres ! Le tout est niché dans 1.325 cavités de calcaire gris, et plus de 40 pagodes.

    Ce sont les Wei du Nord qui commencèrent à creuser ces grottes, il y a plus de 1.500 ans — et cela dura 4 siècles. La plus grande d’entre elle fut financée de la poche même de Wu Zetian, l’unique impératrice de Chine, grâce aux économies qu’elle réalisa sur ses frais de fard ! C’est ce qui s’appelle maquiller les comptes, non ?

_______________

 

    « Deuxième partie de notre émission consacrée aujourd’hui à l’archéologie en ses sites les plus intéressants. Une parenthèse d’abord pour vous signaler que le jeune homme qui sautait en parachute avant la publicité, était Bertrand L..., de Courcelles — nous le remercions pour ses images et l’encourageons, dans le futur, à serrer un peu plus l’élastique de ses lunettes !

    Et Angkor Vat, direz-vous ? Mérite-t-il pas un saut, lui aussi ?

    Oui, bien sûr ! Tapi dans la jungle cambodgienne depuis 8 à 900 ans, cet extraordinaire temple-montagne est le monument le plus représentatif du fastueux empire khmer, lequel domina la région pendant 5 siècles.

    Est-ce un temple à destination religieuse ou un mausolée funéraire ? Les deux, peut-être, comme l’atteste la traduction de « Angkor Vat » : « La ville royale qui est un monastère ». Et c’est presque d’une ville qu’il s’agit, puisque le temple occupe un bon kilomètre carré !

    Vous y verrez, entre autres merveilles, les sublimes apsara — nymphes célestes aussi sexy que Pénélope Cruz —, ou les hiératiques devata aux coiffures compliquées... Rêvons avec ceci maintenant...

_______________

 

    « Du Cambodge passons au Moyen-Orient, et en Jordanie plus précisément avec les Nabatéens qui occupèrent, autour de Petra, une région fourmillant de gorges étroites, de pitons rocheux et de collines escarpées. Ce site date de l’âge du fer — soit 2.000 avant notre ère —, mais il ne connaîtra son apogée qu’au Ier siècle après Jésus-Christ, avec une population estimée à 40.000 personnes, toutes formidables commerçants appréciés des pays voisins, Arabie, Égypte ou Syrie !

    Petra est renommée pour ses temples monumentaux taillés dans la roche, une roche ocre-rouge de toute beauté dont certains reliefs sont d’une exceptionnelle finesse.

    J’ai lu, à propos de l’architecture du Khazneh, le temple le plus photographié du site, que « deux lions, dans les angles de l’architrave, servent d’acrotères »... Je dois avouer une certaine perplexité : qu’est-ce que ça peut bien vouloir dire ? L’archéologie, comme toutes les sciences qui se respectent, a son jargon que les agences de voyage ignorent, d’accord, mais que peuvent donc bien fabriquer deux lions acrotères dans un coin d’architrave... Mystère...

_______________

 

    « Sautons de Petra au Pérou, et prenons l’hélicoptère pour une dépose à 2.800 mètres d’altitude sur le site du Machu Picchu — le vieux pic. Il y a aussi un jeune pic, le Huayna Picchu, mais personne ne parle jamais de lui, le pauvre — c’est toujours la même chose avec les cadets !

    Nous avons déjà évoqué la découverte fortuite de ce site extraordinaire, en 1911, par un architecte américain, Hiram Bingham, mais la nouvelle qui tue — il en était question il y a quelques mois dans le très sérieux New Scientist de Londres —, c’est que le terrain sur lequel fut érigé le site est en train de glisser ! À raison d’un centimètre par mois, il tombera bientôt dans la vallée de l’Urumbamba, la rivière qui coule plusieurs centaines de mètres plus bas !

    Pourquoi ? À cause des pluies incessantes qui arrosent le sommet de cette montagne ! Les guides n’en parlent jamais, mais notre bon vieux soleil ne brille que quelques fois par an là haut — le ciel est toujours bouché, pire qu’ici ! À se demander si cette ancienne citadelle inca ne fut pas abandonnée pour cette raison !

    — Allez-y vite avant le désastre ! Tickets ! Ticketten !

_______________

 

    « Revenons à présent en Europe, et plus particulièrement à Pompéi, en Italie — peut-être le site archéologique le plus connu du monde. Cette ville, située au sud du Vésuve, ne connut jamais la ruine et les outrages du temps ; elle fut pour ainsi dire fossilisée par une éruption du volcan, lequel projeta brutalement cendres et gaz brûlants, figeant les habitants pour l’éternité — ainsi que leurs villas, statues, peintures et objets quotidiens. Pas d’abandon, pas de décadence ici, à l’inverse des autres cités de l’époque romaine — tout est intact ou presque.

    Pompéi est encore à explorer : 1/5e du site n’a toujours pas été mis au jour. Il y a sûrement d’autres choses à découvrir — des fresques aussi belles que celles de la maison du Bracelet doré, peut-être — ou des mosaïques datant du Ier siècle avant Jésus-Christ, comme celle de la villa Cicéron, signée par Dioscoride de Samos : une merveille !

    Et tant qu’à être à Pompéi, poussez une pointe jusqu’à Paestum, un peu plus au sud encore, où se dressent en pleine nature et en bordure de mer deux temples grecs sidérants de beauté : une petite photo au soleil couchant réconciliera les plus sceptiques avec les vieilles pierres...

_______________

 

    « Retournons en Asie à présent, mais dans un endroit que l’éthique nous interdit de visiter physiquement pour cause de dictature : Pagan, en Birmanie. Attendons que les sinistres généraux du SLORC s’en aillent pour y dépenser nos sous. Pagan, en effet, est un site qui s’étend sur plus de 200km carrés – le plus vaste d’Asie. Il se compose d’innombrables temples et constructions dont l’édification commença dès le premier siècle — mais dont l’apogée se situe au moment où Marco Polo lui rendit visite, en 1298. Ce dernier en fit une description éblouie qui marqua les esprits.

    Pagan est le royaume de Bouddha : des statues par centaines — debout, couchées, assises —, et une floraison de pagodes royales qui contiennent, l’une un cheveu sacré, l’autre une dent, la troisième un labyrinthe symbolique... Bref, cet endroit est tout aussi stupéfiant que les fines stupas érigées aux 4 points cardinaux — édifices magiques destinés à protéger la ville. Le site est toujours actif : des fidèles se cotisent encore pour recouvrir certains dômes de feuilles d’or, d’autres entretiennent les temples et font des offrandes aux divinités...

_______________

 

    « Le 8 septembre 1942, le chien « Robot » tombe dans un trou en Dordogne, près de Montignac — et disparaît. Les 4 jeunes adolescents qui se promènent avec lui dans les sous-bois décident de partir à sa recherche. Marcel, Simon, Gabriel et Jacques se glissent dans un étroit boyau qui leur révèle une cavité immense. Ils ne savent pas encore qu’ils viennent de découvrir par hasard ce qu’on appellera plus tard la Chapelle Sixtine de la préhistoire : la grotte de Lascaux.

    Cet ensemble extraordinaire de salles fut décoré il y a 17.000 ans. On y trouve une profusion d’animaux colorés, finement représentés sur les parois et les plafonds.

    Cette découverte aura un retentissement énorme et les touristes afflueront, dès la fin de la guerre, au point que leur nombre en devienne dangereux pour les fresques.

    Depuis 1963 la grotte est scellée. On ne peut plus en visiter qu’une reproduction pratiquement à l’indique, creusée à quelques centaines de mettre de l’originale.

    Quant à Robot, on ne le revit jamais : peut-être a-t-il découvert quelque chose d’encore plus beau — qui sait ?

_______________

 

    « Le sous-continent indien est l’un des territoires les plus prisés des archéologues. Un milliard d’êtres humains ont choisi de vivre là : ils ne peuvent pas tous avoir tort en même temps ! Des centaines de peuples différents semblent cohabiter sans trop de heurts, pratiquant des dizaines de religions, lesquelles mettent en scène plusieurs milliers de dieux...

    Une des clefs de cette harmonie relative pourrait se trouver à Khajurâho, petite cité du centre de l’Inde, pratiquement inaccessible aux touristes — sauf en avion.

    Khajurâho est en effet un groupe de temples et de monuments millénaires qui comportent de nombreux bas-reliefs à caractère érotique. Ils sont inscrits, eux aussi, au Patrimoine de l’humanité. Faut-il le dire, ces représentations sont superbes, légères et joyeuses — résultat peut-être de cette philosophie tantrique que pratiquaient les yogis et qui finit par se diffuser dans toute la société.

    Les relations hommes/femmes représentées sur les frises et les murs de Khajurâho expliquent peut-être les succès de l’intégration à la mode hindoue...

    — Qui veut s’intégrer avec moi ? Crac crac ! Et hop !

_______________

 

    « Et l’armée en terre cuite de l’empereur ? Elle se trouve au beau milieu de la Chine, encore, à Xian. Composée de 8.000 statues de soldats armés de glaives en bronze — de vraies armes de combat — cette armée était destinée à suivre le premier empereur dans l’au-delà afin de le protéger. Le site fut découvert par hasard en 1974 par des paysans qui creusaient le sol. Ils tombèrent sur des statues remontant à plus de 2.000 ans et d’une fidélité absolue aux guerriers de l’époque : habits, coiffures, protections, tout était fidèlement reproduit. On a même trouvé par la suite130 chars de combat en bois et 600 statues de chevaux — fidèlement reproduites en terre cuite elles aussi ! Et dire que la tombe de l’empereur Qin Shi Huandi n’a pas encore été fouillée, par manque de temps et de crédits !

    Il y aurait encore beaucoup à raconter sur l’archéologie mais nous n’avons plus le temps !

    N’oubliez pas de nous envoyer vos meilleures cassettes à l’adresse exhumée ci-dessous et... à bientôt !

 

____________________________________________________________